Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Edith Bailly, j’ai bientôt 62 ans et je suis fraîchement retraitée. J’ai travaillé pendant 40 ans dans de grosses entreprises françaises où j’ai toujours évolué dans le domaine des ressources humaines (gestion de carrière, accompagnement des salariés, relation avec les syndicats). J’ai toujours fait le choix professionnel du contact humain. Quand la vie m’a proposé d’aller dans une autre branche professionnelle, j’ai toujours refusé car j’aimais ce domaine où le savoir-être est très important. Il ne s’agit pas uniquement de compétences techniques et c’est ce que j’aime. L’humain.
Aujourd’hui je suis une jeune retraitée : j’ai deux enfants et quatre petits-enfants qui occupent certaines de mes journées (rires). A côté de cela, je continue d’accompagner des personnes en recherche d’emploi ou en réorientation professionnelle ponctuellement, à titre bénévole. Je suis en pleine retraite active et j’en suis ravie ! La Maison de la Vie a aussi pris beaucoup de place dans mon cœur et mon emploi du temps. C’est l’un de mes moteurs aujourd’hui et ce, depuis le début de l’aventure.
Quelle est ta philosophie, tes aspirations ?
Garder le contact avec l’humain. Que ce soit via une activité professionnelle, bénévole ou avec des amis, mon objectif reste le même : je peux apporter une petite pierre au bien-être des personnes, modestement. Nous avons tous cette capacité à le faire. Moi c’est mon moteur. Aider les gens, les voir bien, souriants et qui avancent : c’est vraiment le plus beau cadeau pour moi !
Comment as-tu connu La Maison de la Vie ?
J’ai été concernée par la maladie en 2007 lorsque j’avais beaucoup de responsabilités professionnelles. J’ai donc dû concilier mon parcours du combattant et ma vie professionnelle. Avec tout cela, je me suis un peu oubliée et je l’ai malheureusement payé plus tard. Je n’avais pas pris le temps de me poser avec cet événement qui a bouleversé ma vie. J’ai donc été arrêtée après la maladie (le contrecoup…). Je n’avais pas trouvé les soins de supports adéquats, qui étaient assez légers à ce moment-là. C’est ce qui m’a donné envie de m’impliquer pour aider les personnes qui avaient vécu la même épreuve que moi. Je travaillais alors chez Michelin et j’ai rencontré Anne Teffo et Sébastien Goua, responsable de la Maison de la Vie. Et là : coup de foudre entre la Maison de la Vie et moi ! Ils m’ont donc proposé de faire un séjour en tant que participante, un des tout premiers, fin 2015. J’en ai profité pour poser beaucoup de choses que je n’avais pas encore posées et au-delà de ça, le concept me correspondait parfaitement. La phase de l’après-maladie peut-être une phase de joie, d’activité physique, un temps pour soi, c’est ce que propose la Maison de la Vie. Anne et Sébastien m’ont proposé alors d’animer l’atelier d’écriture et de jouer le rôle de Nounou/Maman. J’ai commencé à accompagner bénévolement des groupes chaque année.
Quel est ton rôle pendant les séjours et comment t’organises-tu ?
J’ai deux rôles :
- Nounou/maman de séjours organisés dans les différents lieux (dès l’arrivée, je fais une partie de l’accueil, présentation, tour de table). Je « pose » le ton du séjour qui est très important pour moi. Je participe à toutes les activités avec le groupe. J’aime à dire que mes yeux, mes oreilles, mon cœur et mes bras sont grands ouverts (rires). C’est avec tous ses sens qu’on arrive à capter ce qu’il se passe pour les participants. Je suis très attentive à tout ce qu’il se passe pendant le séjour, du 1er au dernier jour. J’essaye au mieux d’accompagner avec douceur pour que la personne puisse s’exprimer. Que toute la semaine se déroule dans la bonne humeur et dans une énergie positive. J’ouvre le débat, pour que chacun trouve son chemin. C’est un rôle qui demande beaucoup d’empathie. Mais tout se passe toujours bien car il y a un fort climat de bienveillance et d’écoute.
- Je développe aussi les séjours dans le Puy-de-Dôme. C’est une très belle région et nous avons beaucoup de contacts avec les partenaires locaux. J’ai donc trouvé récemment un lieu insolite, perdu dans la nature. Je mets en place le séjour mais dès le premier jour, je redeviens Nounou. Nous allons faire notre 2ème séjour dans le Puy-de-Dôme du 16 au 20 septembre 2019 !
Être nounou/responsable, qu’est-ce que cela t’apporte ?
Pour mon rôle de Nounou : c’est continuer à me sentir utile, même si parfois c’est difficile de mesurer l’impact. Je suis toujours heureuse de voir l’évolution entre le 1er jour et dernier jour avec tout ce qui s’est passé entre, c’est merveilleux. C’est une magie qui s’opère pendant les séjours. Je reviens toujours fatiguée car l’attention est permanente mais je reviens surtout nourrie de l’énergie du groupe. Je me dis à chaque fois que la Maison de la Vie c’est tellement bien, ça me motive pour y retourner à chaque fois, bien que chaque séjour soit différent. Il y a une réelle évolution en seulement 5 jours, que je trouve exceptionnelle.
Pour mon rôle de Coordinatrice : j’aime mettre en place, planter des petites graines qui deviennent de belles plantes. Cela m’a amené à chercher, à trouver et rencontrer des intervenants.
Dans tout ce travail accompli, il y a aussi la question de la gestion de l’émotion. J’ai toujours pensé, même dans la vie professionnelle, que l’émotion n’est pas un défaut, pas une tare à cacher. Moi aussi quand je suis en séjour et que j’accueille des émotions fortes, ça peut me toucher mais je sais que toute l’équipe est là derrière moi et que je peux m’exprimer auprès d’eux. Je trouve auprès d’eux force et vitalité pour repartir le lendemain en étant toute neuve. Avec l’équipe encadrante, ce sont toujours des échanges riches. Nous observons tous des choses différentes donc nos moments d’échange sont importants. Cela nous permet d’être plus attentifs grâce à nos sensibilités différentes.
Est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose ?
Il y a une citation de Sénèque qui me suit de partout : « Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c'est dans cette lutte que ses racines, mises à l'épreuve, se fortifient. »
La Maison de la Vie c’est la douceur, la joie et la bienveillance. Les participants ont tous traversé ces assauts du vent, et avec la Maison de la Vie, nous essayons de les aider à devenir plus forts.
Rédaction : Clémence de Mauroy