L'histoire d'Audrée, artiste atteinte d'autisme, racontée par sa maman Sandrine

 « Audrée prend énormément de plaisir à dessiner et ce que nous voulons maintenant, c’est faire de son handicap un projet de vie ». Ce sont les mots de Sandrine, la maman d’Audrée, jeune artiste peintre atteinte d’autisme. 

Voilà déjà huit ou neuf ans que Sandrine a repéré cet attrait de sa fille pour les couleurs : « Au début, elle avait une compétence dans les chiffres, mais on s’est vite aperçu qu’en fait, elle aimait les colorier ». En voyant qu’Audrée prenait un réel plaisir à dessiner, Sandrine a souhaité donner la possibilité à sa fille de continuer sur cette voie. Aujourd’hui, Audrée effectue des esquisses au crayon et à la craie grasse, avec une motivation et un plaisir intacts depuis des années. 

Sandrine observe : « Audrée peint comme elle fait les puzzles. Alors que la plupart des gens commencent les puzzles par les coins, Audrée commence par le centre et ensuite s’occupe des pièces autour. Lorsqu’elle peint ou dessine, elle commence par le visage ». Le talent d’Audrée est resté caché très longtemps, mais pour sa mère, il est important qu’elle y prenne du plaisir et mais qu’il n’y ait pas de compétition, « parce que les personnes porteuses d’autisme manquent de confiance en elles ». 

L’autre point fort d’Audrée, c’est le sport ! Pour Sandrine, lorsqu’Audrée pratique une activité physique, elle est « hallucinante », très endurante. Pierre, professeur d’Activité Physique Adaptée et responsable du département du Gers à Siel Bleu, intervient auprès d’Audrée deux fois par semaine. Il travaille le cognitif avec Audrée, notamment avec des cerceaux de couleurs. Il y ajoute également un travail sur la coordination (la double tâche), du renforcement musculaire des bras et des jambes, de la course d’endurance et… du basket, Audrée adore ça ! Avec le basket, Audrée a appris à « ne pas réussir ». Pierre raconte qu’au début, lorsqu’elle n’atteignait pas le panier, elle avait du mal à l’accepter, mais qu’aujourd’hui il n’y a plus de problème. 

Audrée est épileptique et le sport lui a beaucoup apporté. Comme le disent les études, la pratique régulière d’une activité sportive adaptée diminue les crises, et c’est le cas pour Audrée. L’activité cérébrale a également des conséquences positives, c’est pourquoi Pierre propose des activités cognitives. Pour Sandrine, « Pierre a une sensibilité qui va au-delà et donne du sens à l’accompagnement ». 

Aujourd’hui, les œuvres d’Audrée sont vendues. Sandrine explique qu’au départ, elle les utilisait pour sensibiliser les personnes sur l’autisme et qu’un jour, une personne lui a demandé si elle vendait les œuvres. Audrée a même édité un livre. 

Sandrine a créé une association pour sensibiliser les personnes à l’autisme à travers l’art, mais aussi pour aider les familles grâce à des formations. Le nom de l’association ? Autres Reg’Arts ! L’association est d’ailleurs ouverte à d’autres profils de handicap psychique ou mental, HPI et TSA. 

L’idée, pour Sandrine, est d’arrêter de penser médication et de privilégier le bien-être des personnes atteintes d’autisme : « Pour eux, il n’y a pas de projection et le mal les envahit, la douleur est démultipliée. Il faut donc s’intéresser à toutes les techniques du bien-être, comme les activités physiques ou artistiques. » Et de conclure : « Et en tant que parents, on est toujours contents de voir nos enfants qui s’éclatent ! ».

Rédaction : Lucile Erb